Qui n’a jamais entendu ou lu des articles relatant des intrusions de sangliers, des sauvetages de chevreuils ou des observations de renards au cœur de nos villes françaises ? Depuis une dizaine d’années, les rencontres urbaines entre hommes et gibier se multiplient. Dans cet article, nous allons voir les causes de cette augmentation, mais aussi les problèmes liés à ce phénomène.

Quelques chiffres..

Tout d’abord, un point sur la population française : nous sommes 66,99 millions [1]  (chiffre au 1er janvier 2019) et en constante hausse. Les villes occupent 22 % du territoire[2] et abritent les 2/3 de la population soit un pourcentage de 77,5 %. La plupart des français sont donc urbains.

En ce qui concerne les espèces gibier, les tableaux de prélèvements 2017-2018 se sont élevés à 585 925 pour le chevreuil et 756 149 pour le sanglier [3]. Chez le renard, les prélèvements de 2016 étaient de 430 358 individus [4].

On constate, ces dernières années, une hausse légère des prélèvements pour le chevreuil et le renard. C’est chez le sanglier que l’on observe la hausse la plus  significative : + 9 % par rapport à la saison 2016/2017 où les prélèvements étaient de 692 604 individus.

Cette forte augmentation est principalement expliquée par la disponibilité en nourriture toute l’année (cultures et bonnes glandées), par le fort taux de reproduction (3 portées en 2 ans de 2 à 8 marcassins, parfois plus) et un taux de réussite de 100 % (viabilité des jeunes) [5].

L’arrivée du gibier en ville : les causes

Le premier élément serait l’empiétement des espaces urbains sur les zones rurales. Les villes et villages s’agrandissent, les réseaux routiers s’élargissent entraînant la diminution des zones de vie du gibier. Cela finit par provoquer, inévitablement, des confrontations.

La chasse, ou plus précisément la pression de chasse, peut jouer un rôle dans la présence du gibier en ville. Le dérangement occasionné pousse les animaux à chercher des zones refuges. L’interdiction de chasser à moins de 150 m des habitations, pour certaines associations, est aussi une explication valable.

La croissante augmentation des populations de gibier créée un phénomène de concurrence sur l’accès à la nourriture et sur les domaines vitaux. A titre d’information, pour un sanglier, le domaine vital est de l’ordre de 500 à 2 000 hectares (différent s’il s’agit de mâles, femelles, en compagnies ou seuls) [5].

Cette concurrence nouvelle pousse les animaux à trouver des territoires jusqu’alors vierges : les zones périurbaines et les villes. La nourriture, qui est facilement accessible et disponible, est un facteur attractif notamment pour le sanglier et le renard qui ont un régime alimentaire opportuniste.

Chevrette dans un jardin.

De nouveaux problèmes

Aujourd’hui, les avis diffèrent sur la question des animaux sauvages dans les villes. Si certains s’inquiètent de leur présence dans les villes, d’autres ne la voient pas comme un mal, trouvant que la cohabitation est « normale » et bienveillante.

Des incidents ont déjà eu lieu dans le cœur des villes. L’ intervention des forces de l’ordre ou agents cynégétiques assermentés n’est plus une chose rare. Elle se solde quelques fois par l’abattage du trublion en question  Ces cas rappellent, si nécessaire, que ces animaux restent bel et bien sauvages, et peuvent causer des troubles à l’ordre publique.

Certains animaux sont porteurs de maladies qui peuvent être transmissibles à l’homme (zoonoses). Le renard, par exemple, peut véhiculer l’échinococcose par morsures et déjections.

Les dégâts qu’ils peuvent occasionner peuvent être important : destruction des pelouses privées et parcs publics, renversement des poubelles, incidents dans des magasins, nuisances sonores (renard), attaques sur les animaux domestiques ou encore risque de collision avec les véhicules.

Laie et ses bêtes rousses dans un centre-ville.

Comment se positionner face à ce phénomène ?

Une chose est sûre, ces situations de rencontres vont être de plus en plus fréquentes dans les années à venir. Rappelons-le, les zones urbaines continuent de s’étendre et d’empiéter sur les zones de vie du gibier.

Ce qu’il faut prendre en compte, n’est pas le fait de voir les animaux s’installer en ville, qui  semble inévitable, mais plutôt la façon de gérer ce nouvel état de fait. Un seul sanglier en ville, c’est atypique, appréhendable, mais une compagnie de 15 voir 20 animaux, ce n’est pas la même chose…

Aujourd’hui, les méthodes mises en place sont : la capture, les battues administratives cadrées, l’effarouchement, les tirs de nuit ou encore l’abattage en cas de dernier recours. Ces méthodes rencontrent souvent l’incompréhension des habitants, d’autant plus en cette période où la chasse n’a pas bonne presse.

La chasse a l’arc est une solution qui tend à se développer. A titre préventif, grâce à la possibilité de chasser autour des villes, elle est une excellente solution. Discret, plus « urbain-compatible », c’est un mode chasse mieux toléré par les non-chasseurs.

Le gibier n’a, je le pense, pas sa place en ville. Les moyens actuels sont peu adaptés ou mal exploités. Il faudrait mieux valoriser la chasse à l’arc en zone péri-urbaine et renforcer les actions de régulation citées plus haut.

Cependant, ces moyens risquent d’être inefficaces si la population de gibier urbain continue à se développer. Il faut donc freiner cette expansion en transformant les zones refuges existantes, pour l’instant inexploitées.

L’homme va devoir repenser la gestion des animaux sauvages dans les villes car, eux, se sont déjà adaptés…

[1] Chiffres Insee.
[2] Données issues du journal Le Moniteur, paru le 30/08/2011.
[3] Fs-320-encart-saison_2017_2018_tableauxchasseongules.pdf – Oncfs
[4] Issu du document fiche espèce Renard_Oncfs
[5] Issu du livre de l’Association_Nationale_des_Chasseurs_de_Grand_Gibier_sanglier


2 Commentaires

  1. Bonjour,
    Aucun texte de loi mentionne une interdiction générale de chasser à moins de 100,150 ou 200 mètres des habitations… Vous faites certainement référence à un article de la loi verdeille qui précise que le droit de chasse n’est pas dévolu à l’acca dans la zone des 150 mètres autour des habitations mais que au contraire il reste au propriétaire du terrain concerné…
    Cette loi s’applique dans 29 départements sur 100.
    En droit comme en toutes choses, il faut être précis !

    • Bonjour,
      Tout d’abord, merci beaucoup pour votre commentaire.
      Effectivement, nous n’avons pris en compte que le champ d’application de la loi verdeille et pas celle des particuliers. L’article a été modifié.
      Bien à vous.

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